Une aide pour reprendre pied dans ses papiers

Burn-out. Dépression. Tentative de suicide. Hôpital psychiatrique. En quatre mots-clés, David G. résume l’enfer de ses derniers mois. Un jour, cet éleveur laitier du beaufortain, jovial et très investi dans sa profession, a craqué. « Personne n’est un surhomme », lâche celui qui est aujourd’hui « en reconstruction ». Il met sa ferme en vente, un bel outil qu’il a régulièrement amélioré. « Je ne peux plus y mettre un pied, les vaches me dégoûtent, lâche-t-il. Je n’arrive même plus à lire mon courrier. » Son salarié gère les vaches, mais pas les papiers.

Un ami a alerté la MSA. « Ils ont tout de suite été là, réactifs, à l’écoute et bienveillants, témoigne David. J’insiste dessus car j’ai beaucoup critiqué la MSA pour l’argent qu’elle nous prend… L’assistante sociale m’appelle chaque semaine. Elle m’a aussi proposé une aide administrative. Une personne vient chez moi une fois par mois. Elle fait les papiers, remplit les chèques que je n’ai plus qu’à signer. Je suis incapable de faire plus. » Il tient à témoigner : « Ma chance est d’être bien entouré et d’être bavard : il ne faut surtout pas rester seul ni avoir honte de parler, car tout le monde peut tomber. »

Accompagnement adapté

David G. est l’un des 49 agriculteurs ayant bénéficié en 2024 de l’aide administrative proposée par la MSA Alpes du Nord. « Cette prestation lancée au printemps 2023 est proposée sur évaluation des travailleurs sociaux, quand ils repèrent un agriculteur en situation d’épuisement professionnel, explique Pascale Peissak, responsable de l’action sanitaire et sociale. S’il est partant, une réunion tripartite est organisée avec lui, la MSA et l’un des 23 assistants administratifs que nous avons conventionnés. Ils fixent les objectifs, le rythme de rendez-vous, et signent un accord. L’agent administratif est payé directement par la MSA. L’aide maximum est de 1 500 €, valable un an et non renouvelable. »

C’est ce qui s’est passé pour Manon J., éleveuse en Haute-Savoie. « J’avais contacté une assistante sociale pour faire un point sur notre situation, relate-t-elle. Lors de sa visite, elle a vu que nous étions à bout. Notre ferme n’a pas les moyens de payer un comptable et j’étais débordée par l’administratif à gérer le soir quand les enfants sont couchés. » Une aide lui a été proposée. « Cela m’a enlevé une charge mentale, témoigne Manon. Au début, je laissais tout faire à l’assistante. Quand j’ai repris assez d’énergie, je lui ai demandé de m’expliquer les choses. Elle m’a aidé à m’organiser, trouvé un outil pour faciliter ma comptabilité… Et j’ai repris pied. C’est un super dispositif. Dommage qu’on n’y ait droit qu’une fois dans sa vie. J’ai trente ans : qui dit que je n’en aurai plus besoin ? »